Nous vivons un moment inédit. Un moment inédit dans l’histoire du travail que les générations nées depuis 1950 n’ont jamais connues.
Nous travaillons. Nous travaillons de chez nous. Et ce sont tous les repères du travail qui éclatent :
Plus de machine à café (certaines machines à café font quand même du très bon café !)
Plus de collègues en direct / isolement
Plus d’espace de travail attitré / délimitation vie pro-vie perso voir un envahissement de la vie pro
Plus de temps de travail bien délimité / organisation et sentiment de jongler entre toutes les casquettes - épuisement
C’est donc toute notre propre organisation dans le travail et notre rapport au travail qui sont chamboulées.
Ce chamboulement a du bon. Il nous permet d’utiliser de nouveaux outils, de créer de nouveaux temps de travail, d’aller à l’essentiel, d’investir de nouvelles missions.
Et il génère aussi des frustrations :
« arghh … ma connexion ne marche pas »
« Attends je te rappelle, y’a mon enfant qui se réveille » / difficulté de gestion de son temps de travail - adaptation perpétuelle
« J’aimerai tellement pouvoir travailler toute la journée » / le besoin de se mobiliser, de s’accomplir
« J’aimerai qu’on puisse se voir en vrai » / comment garder le lien social
« Je ne sais pas si ce que je fais est bien ou si c’est ce qu’il faut faire » / reconnaissance
Des inquiétudes :
Est-ce que je vais encore avoir du travail après ? / Angoisse économique
Est-ce que l’entreprise va survivre ? / Peur de l’échec
Est-ce que je vais être content de retourner au bureau ? / Retour à la vie sociale travaillée
Est-ce que je risque ma santé et celle de mes proches ? / Risque sanitaire
Quand est-ce qu’on va revenir à ce que j’ai toujours connu ? / Angoisse de l’incapacité à se projeter
En fait tout peut changer du jour au lendemain / Angoisse existentielle
Est-ce c'est moi cette boîte et ce travail / Valeurs
Mon travail est-il nécessaire et utile ? Quelle est ma place dans le travail ? / Sens
Notre travail a été frappé par le réel : une épidémie sanitaire. Et ce sont bien toutes ses contraintes que nous surmontons au quotidien. Nous réussissons à nous redécouvrir, à faire ce que nous n’aurions jamais pensé réussir, à collaborer avec des personnes parfois inconnues au sein même d’une entreprise. Et puis parfois nous manquons aussi de motivation, d’envie parce que concrètement et physiquement je suis seule dans mon travail chez moi. Après toutes ces épreuves vécues en un temps très court, ou en sommes-nous de notre santé psychique ? Les organisations vont-elles prévoir des temps de délibération pour que les travailleurs se parlent de leurs vécus ? Car le média le plus important de la santé psychique au travail c’est le langage. Ne reprenons pas le travail tête baissée parce qu’il ne s’est pas rien passé. Prenons le temps de parler de ces vécus et du futur de notre travail. Repensons le travail et la santé psychique au travail après ce confinement.
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